French Translation:
Pour que je puisse m’y glisser sans ennui
Te raconter des histoires intimes
Qui ont lié Paris à l’Indochine.
Mes souvenirs de fillette d’antan,
Je peindrai sur ton âme enflammée
L’image de mon Paris bien-aimé.
Ville d’amour, ville de lumières,
Ville berceau de la Révolution
Où les maladaptés et vagabonds,
Rejetés de tous, trouvent protection;
Tu verras tout ce que mon coeur a vu,
Tu sauras ce que mon âme a perçu,
Tu sentiras alors, sans t’hésiter,
Que Paris est une ville à aimer.
De ses rayons matinaux fait ombrage,
C’est le moment de partir en voyage
Vas-y ! Monsieur qui s’en va à Paris.
« Je t’ai apporté du chocolat,
Des bonbons, du croissant et du fromage
Tout le monde fait ça ici »
À Paris, ma ville chérie.
Regardant des amoureux s’embrasser,
Je souhaitais grandir rapidement
Pour pouvoir te m’offrir avidement.
Sur les feuilles je me suis enroulée,
J’ai rêvé d’être une femme comblée,
De ces feuilles, tes caresses d’amour.
J’ai jeté aussi des regards furtifs
Sur les boutiques des Champs-Élysées,
M’imaginant dans des corsets osés,
Portant des hauts-talons récréatifs,
Coiffant un chapeau Dior sur la tête,
« Devenir ton amante », faisant fête.
Cependant, les affaires ravivées
Concernant Paris et l’Indochine
Tournent en coups de feu et guillotines,
Évacuations et ponts aériens
Qui ne sont jamais vus des historiens.
Je me cache, stoïque et anonyme,
Dans le silence, je t’attends, figée, .
Du fond des terres de l’Asie du Sud-Est;
Gentille maman, maintenant âgée,
Parle toujours de l’amour romanesque;
« Et toi, ma tante, tata » t’es la gloire
Du théâtre vietnamien, tous les soirs.
Réveillez-vous, bonnes femmes de l’Est !
Quittez vos tombes, rêves, opéras
Et dites-moi, combien d’années déjà
Se sont écoulées depuis que je naisse.
Pourquoi tardent-ils si longtemps leurs cours ?
« Quand, qui, et comment le dire
Ce grand amour qui me déchire »
Arraches pour moi le ciel de Paris,
Détruis l’horizon de l’Isle de France.
Vite, vite, accours vers moi, avances
Prends-moi, sens, dis tout sans rien oublier,
Goûtes, goûtes, ne te fais pas prier.
Plus vite encore, presses-toi, contre le temps,
Contre tous ces hommes de ce monde insistants,
Avocat, conseiller, cavalier, boxeur.
Montes en courant vers le Sacré-Coeur,
Inclines-toi devant tous les bons dieux,
Aimes-moi pleinement, comme une éclipse,
Comme si demain c’est l’Apocalypse.
Descends à Montmartre chez les artistes,
Fais dessiner mes rondeurs par leurs yeux,
Puis cherches la maison de Dalida
Pour m’entendre chanter dans son écho :
« Besame, besame mucho ».
Trouves-moi Joséphine Baker,
Pour me voir danser sur ses traces de pas :
« Samba samba samba comme le mambo mambo la »,
Vas à la Rosace de Notre Dame,
Admires la beauté d’Esmeralda
Comme si Quasimodo était là.
Par un radieux doux soleil de Paris,
Doré comme des blonds cheveux qui brillent
Sur les joues des jeunes fées de Sorbonne.
Ardent comme l’amour qui me passionne
Beau comme ton règne qui m’emprisonne.
des églises de St- Germain des Prés,
Ramasses pour moi, si tu y penses,
Mes morceaux, les morceaux de mon enfance.
Chez les vietnamiennes de Pigalle,
Sur la ligne de clivage qui s’installe
À côté des danseurs du Moulin Rouge.
Café de Sartre, où l’enfer et la vie
Cohabitent; huis-clos et sans-issue.
Continues mon amour ! Encore une fois !
« Reviens, reviens,» aveuglement dans moi.
L’amour est à huis-clos et sans-issue.
Au Théâtre de Molière les feux déclinent,
Sur l’Avenue de l’Opéra se terminent
Les affaires entre Paris et l’Indochine.
Seul, monsieur qui est allé à Paris.
Quelque part dans une sombre tour,
Au bout d’un très long corridor,
Plongée dans le désespoir,
Couchée sur une étroite allée,
Le souffle coupé
Figée
Les lèvres entrouvertes,
Les jambes découvertes.
T’attendre !
Viens à moi avec des plumes, et ensuite,
Des menottes, des chaînes à esclave
Pour m’enfermer dans ton enclave,
Pour embellir mon existence,
Pour réécrire mon enfance
Depuis son commencement.
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